Roman·Service Presse·Young Adult

La Falaise

La Falaise de Ghislaine Roman, Le Muscadier, 132 pages

« Je vois exactement la scène au ralenti.
Mon père ouvre son journal et change de tête.
Ma mère écarquille les yeux, façon de lui demander ce qui se passe.
Mon père froisse les feuilles,
les laisse tomber sur le carrelage et dit : “Ben zut alors !”
À ce moment-là, je ne me doute de rien. »

Charlotte, quinze ans, apprend que sa mère a été abusée quand elle était enfant. Au moment où son amour pour Pablo éveille son désir, elle va devoir faire face à la vague qui balaie sa famille. Elle découvrira l’abjection dont les adultes sont capables : certains savaient et n’ont rien dit. Entre rage et tendresse, Charlotte va devoir trouver son chemin.

Avant tout, je voulais remercier les Editions Le Muscadier pour leur confiance.

Le Muscadier

La Falaise fait parti de la collection Rester Vivant, qui est une collection que j’affectionne particulièrement.

Avec ce petit roman young adult, nous découvrons le personnage de Charlotte qui, alors qu’elle découvre sa sexualité, apprend que sa mère a été abusée lorsqu’elle était enfant. Cette nouvelle va faire un effet boum et bouleverser toute la petite famille. 

L’histoire est véritablement poignante. Dès le début de ma lecture, je me suis sentie comme percutée moi- même par l’histoire de cette famille. Le récit est narrée du point de vue de Charlotte, ce qui donne un éclairage particulier à l’ensemble. En effet, nous n’avons en aucun cas le point de vue de la victime mais celui de sa fille. De part ce parti pris, le texte acquiert une certaine originalité. De plus, Charlotte ayant 15 ans, l’histoire de sa mère fait écho en elle. Cette dernière fait d’ailleurs preuve de beaucoup d’empathie, mais n’hésite pas également à provoquer sa mère pour que cette dernière porte plainte contre son agresseur. 

La mère de Charlotte a du mal avec son statut de victime. Et malgré les blessures, elle a réussi à se reconstruire plus ou moins. Néanmoins, ce roman nous présente également des personnages profondément meurtris, des personnages qui à bout de souffle, ont envie d’en finir avec la vie.

Et puis, il y a l’opinion des gens. Ceux qui vous jugent, ceux qui vous dévisagent…Et les médias, qui étalent votre vie privée aux yeux de tous…

Et puis ce décor, cette falaise qui surplombe tout et au fil du récit s’effrite jusqu’à s’effondrer. Le décor évolue au fil de l’histoire, au fil des émotions. 

À ce titre, La Falaise s’avère un roman complet, qui balaie de nombreux aspects des abus sexuels. De plus, Ghislaine Roman a un style simple et décrit avec beaucoup de pudeur la situation que vivent les personnages. Le ton employé est juste. Il y a beaucoup de respect dans ce roman. Je suis passée par une palette d’émotions très forte. L’histoire m’a prise aux tripes et j’ai dévoré ce livre en quelques heures.

La Falaise a donc su m’émouvoir. Avec son écriture simple et pudique, Ghislaine Roman nous a décrit une situation terrible avec beaucoup de justesse.

 

 

Roman·Service Presse·Young Adult

Sur le Fil

Sur le Fil de Christine Deroin, Le Muscadier

Pour résumer:

Julien et Aude ne font que se croiser chez la psy, mais ils ont un secret : une cachette où chacun·e dépose une lettre pour l’autre, avant ou après sa séance hebdomadaire.

C’est Aude qui a lancé le jeu. Jeu de confidences à l’inconnu·e d’une salle d’attente. Jeu de miroirs dans lequel ils deviennent le reflet l’un de l’autre. Borderline ensemble mais chacun·e seul·e dans son monde.

Ce que j’en pense:

Nouvelle incursion dans la collection Saison Psy des éditions du Muscadier. Cette fois- ci, Christine Deroin nous narre l’histoire de Julien, un jeune adolescent qui se découvre borderline. Tout comme dans Le Vol d’Icare, le roman se partage en deux parties, la partie romancée et la partie psy.

La partie romancée raconte l’histoire de Julien qui rencontre Aude dans la salle d’attente de son psy. S’engage entre eux une correspondance qui va leur permettre de discuter de leurs problèmes respectifs.. Aude a été diagnostiquée borderline et Julien ignore encore de quoi il peut bien souffrir. Le lecteur se plonge donc dans les pensées de Julien, il livre ses doutes, son mal être. C’est une vraie plongée dans le monde du borderline.

Le plan psy est pris en charge par Manon Beaudoin. Cette dernière nous décrit donc les symptômes de cette pathologie dont on connaît le nom mais très peu les spécificités. Manon Beaudoin nous explique avec des mots simples la réalité à laquelle se confronte les borderline. Elle permet aux lecteurs de mieux comprendre et appréhender ces personnes qui sont en vraies souffrances. 

Néanmoins, malgré les explications données, j’ai encore du mal à faire la différence entre les borderlines et les bipolaires. En effet, la frontière entre ces deux pathologies reste floue et les explications de Manon Beaudoin ne m’ont pas permis d’éclairer ma lanterne.

Bref, même si l’histoire a su me séduire, le pan psy n’a pas répondu à toutes mes questions.

Je tiens à remercier les éditions Le Muscadier pour leur confiance.

Le Muscadier

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Le Vol d’Icare

Le Vol d’Icare de Christine Deroin, Le Muscadier

Pour résumer:

Valentin a dix ans quand il arrive dans sa nouvelle école. Sur un mur de sa classe est affichée une reproduction du collage de Matisse « Icare ». Valentin fera comme Icare, il volera. Valentin fera mieux qu’Icare, il volera loin, très loin. Il en est certain.

Enfin, pas toujours. Parfois, il est aussi certain d’être le plus nul des garçons.

Ce que j’en pense:

Le Vol d’Icare nous narre l’histoire de Valentin, un petit garçon au caractère particulier. Le livre alterne des moments de la vie de Valentin qui est le narrateur et des moments « psy » qui sont beaucoup plus informatifs et visent à nous éclairer sur la bipolarité chez les enfants.

Christine Deroin se met donc dans la peau d’un enfant bipolaire et exprime ses peurs, ses angoisses mais également sa souffrance face aux regards des autres. Avec beaucoup de justesse et de sensibilité, elle met des mots sur les maux de cet enfant. De plus, elle utilise un vocabulaire simple ce qui rend beaucoup plus crédible le fait que ce soit Valentin qui raconte. Ainsi, le lecteur éprouve de l’empathie pour le personnage.

Le versant psy est rédigé par Angélique Excoffier. Elle éclaire de façon plus formelle les troubles de la bipolarité. Elle explique les symptômes et les différentes solutions qui peuvent être envisagées face à ce trouble difficile à déceler chez les enfants. Ainsi, elle donne une autre dimension au texte et apporte un côté plus pédagogique. Angélique Excoffier s’exprime clairement et avec des mots simples ce qui facilite la compréhension.

En somme, Le Vol d’Icare a su m’émouvoir par son pan romancé et avec l’histoire de Valentin mais il a su également m’intéresser à un trouble peu connu par son pan psy.

Je tiens à remercier les éditions Le Muscadier pour leur confiance.

Le Muscadier

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Pierre le Voleur

Résumé:

Dans un village cévenol pas encore trop corrompu par la modernité, Pierre est voleur. Il fauche tout ce qui l’attire mais, comme les villageois le savent, ils vont rechercher leur bien chez lui, puisqu’il ne se cache pas et rend toujours. Adopté tel quel par les autres habitants, même la gendarmerie laisse faire. Mais, un jour, les choses deviennent plus graves, et ce sont des résidents secondaires, moins compréhensifs, qui sont cambriolés. Or, pour la première fois, Pierre nie être ce cambrioleur. Tout le monde enquête, notamment la jeune Rosy-Rosette, la plus maline du village.

Ce que j’en pense:

Avec ce roman young adult, Yves Frémion nous plonge dans le monde de la ruralité. Nous y découvrons le personnage de Pierre qui est un voleur compulsif. Il vole tout et rien, surtout les choses dont il a besoin. Les villageois sont plutôt sympas avec lui et savent le prendre. Finalement, Pierre n’est pas si méchant. Il n’est même pas dangereux. Jusqu’au jour où, de nouveaux résidents ne vont pas le prendre aussi bien que cela…

Ce roman rural se lit avec une facilité déconcertante. Ni une ni deux, on se retrouve plongé dans ce village. Très vite, on a la sensation de connaître tous les habitants. Tout nous semble familier et l’on fait partie de cette petite communauté. Il faut dire que Yves Frémion a vraiment eu le truc. Avec son écriture agréable et fluide, on ne peut que se prendre dans l’histoire. Certes, l’intrigue en elle-même n’est pas très complexe. Il n’y a pas de grands rebondissements, ni de suspens. Le rythme est lent, les choses prennent le temps de se mettre en place. Et paradoxalement, en un rien de temps, on arrive à la fin du livre. On se dit « déjà ?! ». C’est presque trop court. On a envie d’en savoir plus et de continuer à suivre Pierre. Il y a un petit goût amer dans cette fin.

Le personnage de Pierre est terriblement attachant. Il paraît fragile et on a envie de le protéger, de l’écouter.

Yves Frémion et son écriture toute en douceur ont donc su me charmer et livrer un récit émouvant qui a un goût de trop peu.

4-plumes

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Caméléon

Caméléon de Christine Deroin et Gilles Martinez, Le Muscadier

Pour résumer:

Alice est une adolescente que tout le monde a toujours qualifiée de haut-potentiel sans reconnaître la profondeur de son malaise et son véritable trouble Asperger. Un déménagement et un changement de collège vont la déstabiliser et faire jaillir sa personnalité d’ovni (« objet vivant non intégré »), comme l’appelle sa sœur.

Son admiration pour Fanny, la star de la classe, et sa volonté de lui ressembler en tout point pour être aimée, vont faire exploser ses repères et la mettre en danger.

Ce que j’en pense:

Bienvenue dans le monde de Alice qui vit dans son univers bien à elle. Dans son monde, les champignons sont rois, elle les fige même dans des cristaux. Et voilà que Alice déménage avec sa famille et se retrouve confrontée à un univers qu’elle ne connaît pas. Alors pour s’adapter, elle décide que Fanny, la coqueluche du lycée, doit devenir son modèle.Ses parents disent qu’elle a un haut potentiel, sa sœur dit que c’est un ovni… mais où se situe Alice dans tout cela?

Chaque chapitre décrit une situation vécue par Alice dans son collège. Chaque situation est décrite du point de vue de sa sœur qui est très proche d’elle et ne veut surtout pas qu’elle soit blessée. Ainsi, elle met le décalage de Alice en avant tout en insistant sur le fait que c’est sa personnalité. Après chaque chapitre, Gilles Martinez décortique les situations est nous explique en quoi cela est spécifique des personnes Asperger. Ainsi, au travers de la vie de Alice, le lecteur découvre ce syndrome dont on entend beaucoup parler, mais qui est aussi souvent mis à toutes les sauces. Le roman met ainsi en avant les difficultés auxquelles peuvent être confrontées ces personnes, mais aussi les difficultés que l’on peut avoir à les diagnostiquer.

Le récit de Christine Deroin est donc à la fois touchant et instructif. La relation qui se noue entre les deux sœurs est très forte et attendrissante. Le point de vue de Gilles Martinez permet à chaque fois de prendre du recul et de recentrer les choses.

C’est donc un roman intelligent et émouvant que nous livre le binôme Deroin/ Martinez.

Bref:

Un roman à mettre dans les mains du plus grand nombre.

Si je devais le noter:

4-plumes

Merci aux éditions Le Muscadier pour leur confiance.

Le Muscadier