Atelier d'écriture

Atelier d’écriture

© CCO Public Domain

Isa enfila ses chaussures de course et s’attacha les cheveux soigneusement. Comme chaque fois qu’elle partait faire du jogging, elle privilégia les escaliers plutôt que l’ascenseur afin de s’échauffer. Elle se délectait d’avance de sa course dominicale dans les beaux quartiers de Paris. Lorsqu’elle ouvrit la porte d’entrée de l’immeuble, elle faillit buter sur l’homme qui dormait là, en travers. Surprise elle se rattrapa de justesse, enfila ses écouteurs et partit de bon train. Après une heure d’intense effort, elle retourna chez elle, transpirante, et il était encore là, sale et famélique homme aux traits tirés. Il la salua timidement et se poussa. Isa lui rendit son salut et grimpa dans son appartement cossu. Elle prit une rapide douche. Ce moment si salvateur habituellement avait un goût amer. Un goût de poussière et de pauvreté. Elle enfila un pantalon, un tee- shirt et se saisit d’un paquet de biscuits dans son placard. Elle se fit couler deux cafés et descendit. Il était toujours là. Isa s’assit à côté de lui et lui tendit un café ainsi que le paquet de biscuit. L’homme la regarda incrédule. Elle insista. Il tendit timidement la main et, tout en la regardant, il mit la petite tasse à ses lèvres. Une intense émotion se peignit sur le visage de cet homme de la rue. Isa finit sa tasse, le salua et partit.

Quelques semaines suffirent à Isa pour connaître Abder. Abder était un professeur de français syrien. Il avait fui la guerre comme beaucoup. Il raconta à Isa l’horreur, la peur, les épreuves. Isa l’écoutait attentivement. Abder lui raconta ses espoirs, la France comme terre d’asile, puis la désillusion. Il lui raconta sa vie dans la rue, la misère, la pauvreté, le rejet et la saleté.

Isa était bouleversée, comment vivre dans ce grand appartement seule au chaud, alors que Abder seul dans la rue, souffrait et avait froid. Elle organisa une réunion des propriétaires et après un débat houleux, elle obtint ce qu’elle avait temps espéré pour Abder. Elle avait tout arrangé, nettoyé la petite chambre de bonne abandonnée, avait couvert le lit de couvertures et de coussins et rempli le frigo. Lorsqu’elle descendit son cœur battait la chamade. Elle ouvrit la lourde porte d’entrée. Abder lui sourit et elle lui tendit la main.

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